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L'inconscient et le pangolin - Philippe Rassat -


Une fable sur le refus de l’histoire et le déni de la folie L’inconscient et le pangolin.


Cet article est paru dans le Hors-Série N°2 de la Nouvelle Revue de l’Enfance et de l’Adolescence, ”L’Enfance mise au pas”, Paris, L’Harmattan-éditeur, octobre 2022..


L’expérience actuelle du covid nous montre l’utilisation du discours médical par le pouvoir en place pour promouvoir une certaine politique.

L’utilisation du réel de la pandémie est faite sans recours à l’histoire ou au passé, la pandémie est expurgée de toute sa dimension imaginaire et est présentée comme immanente sauf à trouver des responsables « écrans » suivant les pouvoirs et la géographie.

Du coup la fausse science médicale, qui pourtant relève d’une pensée indigente qui culmine au mieux dans les essais et erreurs de Claude Bernard d’un côté et le discours statistique de l’autre, peut se faire passer pour l’ultime recours des politiques qui se vautrent dans une servilité feinte à la « science » opium du peuple et sauveuse de l’économie.

Knock et le malade imaginaire sont les deux marionnettes agitées par Macron et ses otaries ministérielles.

Il n’en reste pas moins que la pandémie existe, le nier c’est se condamner à ne rien comprendre, à devenir dangereusement idiot et à ouvrir les vannes au pire.

La question de la folie, et plus précisément pour ce qui nous occupe, de la folie des enfants, se heurte depuis vingt ans au même refus de l’histoire et au même déni de ce qu’elle est : une expression du réel dont l’humanité ne sait que faire depuis l’aube des temps humains, depuis l’aube de l’animal parlant que nous sommes, depuis l’aube, du coup, de la naissance de l’inconscient au cœur même de ce que nous sommes chacun.

Macron et ses acolytes, en France, ont eu une peur panique de l’explosion du système sanitaire via les urgences et la réanimation si l’épidémie devait être d’importance. Le problème n’était pas de sauver les vieux, les fragiles ou le plus grand nombre, ce fut d’éviter toute jacquerie, tout incendie populaire et sans contrôle dans la suite des gilets jaunes si jamais des milliers de morts devaient venir s’entasser dans les hôpitaux.

Il lui fallait donc déclarer la guerre. Pas contre le virus (puisque cela n’a absolument aucun sens) mais pour gérer les conséquences des économies drastiques faites depuis plus de vingt ans, par tous les gouvernements de droite comme de soi-disant gauche et qui faisaient que la politique du flux tendu et de l’absence de stock de lits libres, directement issue de la pensée économique capitaliste, ne permettait aucunement de prendre en charge une épidémie de grande ampleur. Les politiques à courte vue menées depuis Jospin jusqu’à Macron par les Chirac, Sarkozy et Hollande, sans référence à aucune histoire ni aucun passé, mais uniquement vouées à « l’instant sans avenir » de l’équilibre de la sécurité sociale et de la rentabilisation des hôpitaux, dans une application aveugle et sourde de l’économie de marché la plus simpliste, avaient mis l’ensemble du système sanitaire dans une incurie de fait, et un impraticable fonctionnement face à tout imprévu. Un peu comme l’armée française en quarante face à l’attaque de l’Allemagne nazie. C’est peut-être même cette réminiscence qui amena Macron, qui ne sait pas grand-chose de son inconscient, à nous appeler à la mobilisation générale ridicule de mars 2020.

Et depuis, cette économie stupide et électoraliste sur la sécurité sociale, nous a coûté des centaines de milliards d’euros qui aujourd’hui dope la fortune des plus riches mais dont on ne sait quelle sera l‘exacte conséquence à terme.


La même bêtise a gouverné à l’anéantissement de l’organisation de la prévention et du soin des troubles psychiques des enfants et des adolescents.

Nous avions à l’orée du troisième millénaire, peut-être la meilleure organisation « sanitaire » infanto-juvénile, publique et médico-sociale du monde, et reconnue partout comme telle, quand Jospin, Royal et Kouchner ont décidé qu’il leur fallait être encore plus à droite que la droite, qu’ils allaient équilibrer les comptes de la sécurité sociale et qu’ils allaient mettre la santé au service du capital et de l’économie une bonne fois pour toute.

Dans notre secteur ce fut la loi du 2 janvier 2002, qui inventa tout ce qui sera mis en place jusqu’à aujourd’hui, y compris le dernier en date, l’inénarrable cahier des charges de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de la Nouvelle Aquitaine visant à la disparition des Centre Médico Psycho Pédagogique (CMPP).

Pour ce faire, il fut utilisé les mêmes ficelles avec les mêmes complices et les mêmes mensonges que ceux qui sont utilisés aujourd’hui pour le Covid.

Pour raconter tout cela on pourrait utiliser le même canevas que celui que les ARS imposent dans les hôpitaux pour faire les PPA (Projet Personnalisé d’Accompagnement) des malades. C’est extrêmement rigide et codifié. Il faut définir des objectifs principaux, puis des objectifs opérationnels, puis évaluer les compétences pour y arriver et les moyens à mettre en œuvre. L’ARS peut sans vergogne menacer de fermer un hôpital de jour pour enfants si vous n’appliquez pas le PPA à la lettre.


Le projet actuel de l’état pourrait s’écrire ainsi :

Premier objectif principal : le moindre coût partout et tout le temps. Il suffit pour cela de se référer au « Rapport sur la santé mentale » de M. Laforcade (2016) qui résume parfaitement l’entreprise et où l’occurrence « le moindre coût » est la plus retrouvée.

Deuxième objectif principal : tout médicaliser, tout objectiver, expurger toute histoire passée ou à venir des enfants et de leur famille.

Objectif final : la disparition de la notion d’inconscient qui ne fait « rien qu’à tout compliquer ».

Objectifs opérationnels du premier : changer le langage, imposer un langage économique, commercial, marchand.


Il n’y a plus de malades, il y a des usagers.

Il n’y a plus de folie (ou de psychose mot psychiatrique qui évoque la folie pour tout le monde) car on ne sait pas d’où ça vient, ni où ça va, il faut du handicap et le must (n’oublions pas qu’au départ c’est un mot anglais) c’est le « handicap psychique » puisque, imprudemment, certains militants associatifs l’avaient réclamé. Ça c’est une trouvaille langagière fantastique car d’une part on peut mettre un pourcentage à un handicap et, de plus, un handicap ça n’a pas d’histoire, c’est la main de dieu, ou les gènes, ou une dégénérescence…enfin tout ce qu’on veut qui, supprimant toute histoire individuelle ou familliale, « disculpe » les parents quels qu’ils soient. En effet c’est une difficulté quand on travaille avec les enfants, que leur désir ne soit pas celui de leurs parents, ça crée des conflits avec les soignants, avec les associations de parents qu’un post pétainisme rampant a fait se multiplier depuis la fin de la dernière guerre dans tous les secteurs concernant l’enfance : école, soin, loisir, religion, etc…

Avec le handicap non seulement la responsabilité est dissoute mais, mieux encore, pour une somme modique au coût allégé on rétribue même les parents pour le handicap de leurs enfants ! la paix sociale assurée dans le secteur de l’enfance.

Pour affiner l’expression et élargir le vocabulaire, on encadre ces deux trouvailles de tout un lexique issu du langage commercial : service qualité, évaluation, recommandations de bonnes pratiques professionnelles, « patient traceur », indicateurs, certifications, stratégies, etc…On y rajoute quelques termes médicaux si possible venus du monde anglo-saxon pour faire sérieux comme « évidence based médicine» ou des acronymes inventant de nouvelles maladies comme les Trouble De l’Attention avec Hyperactivité (TDAH), les Troubles du Spectre Autistiques (TSA), les Troubles Neuro-Développementaux, en référence à une classifications nosographique, celle du DSM (diagnostic and Statistical Manual of Mental Discorder), celle du système médical d’outre atlantique dont on constate aujourd’hui avec le Covid qu’il est un des plus mauvais du monde, mais chuuuut il ne faut pas le dire. Il ne faut pas confondre l’organisation sanitaire des états unis qui est catastrophique et la force capitalistique de leur industrie pharmaceutique et de la recherche qui lui est asservie, qui lui a permis de trouver un vaccin en un temps record.

Il manquait les compétences pour mettre tout cet objectif en place : il a donc fallu inventer un cadre imputrescible en ébène massif comme en rêvaient dans l’ancien temps les régimes staliniens qui se pensaient éternels. Le trio dont nous avons parlé plus haut, relayé par la droite conservatrice des Bertrand, Bachelot, Douste-blazy, puis par la fausse gauche à la Touraine et achevé par l’arrivée de la ni-droite ni gauche Buzyn ont mis en place mille « merveilles » bureaucratiques : la Maison Des Personnes Handicapées (MDPH), la Haute Autorité de Santé (HAS), les ARS, toutes instances qui ne parlent plus que cette novlangue économique et marchande quand ils décident, organisent, prescrivent les soins et les accompagnements des enfants malheureux, angoissés, violentés, endeuillés, incestés, traumatisés, inhibés, privés de langage, de portage, d’écoute…qui sont les enfants « vrais » auxquels ont à faire les soignants.

Avec ce cadre organisationnel sont mis en place des sanctions adéquates envers ces soignants qui ne respecteraient pas les ordres tout comme aujourd’hui sont mises en place des sanctions et des amendes envers ceux qui ne respectent pas le confinement à la lettre.

Ce sont d’ailleurs ces mêmes administrations qui pilotent avec les mêmes mots en 2020 la pandémie et la souffrance psychique. C’est dire si en 20 ans cet attirail commerço-répressif est devenu opérationnel, avec les mêmes justifications.

Pour la destruction de notre secteur une ritournelle est devenue une scie en vingt ans : le retard de la France pour la prise en charge de l’autisme (fourre-tout linguistique imaginaire en expansion permanente) en référence toujours aux systèmes médicaux nord-américains avec comme preuve les notifications de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) repris comme notifications par la HAS. Là encore la crise actuelle est éclairante pour ceux qui ne veulent rien savoir : l’OMS n’est ni scientifique ni objective, elle est totalement aux mains de ceux qui la dirigent et la financent ; les USA avaient la main et nous imposaient leur conception néo-libérale de la santé, mais ils sont en train de la perdre au profit de la Chine, alors sous l’impulsion pas finaude mais sans filtre de Trump les USA ont quitté l’OMS. Ils y sont revenus avec Biden, forts de la découverte de leurs vaccins à ARN messager. Aurions-nous été toujours en retard du coup à la prochaine assemblée de l’OMS ? Cela aurait dépendu des intérêts chinois !

Et l’on sait qu’ils l’aiment bien, le Pangolin, les Chinois.


Passons au deuxième objectif : médicaliser, objectiver, aseptiser, instantanéiser, se débarrasser de toutes scories historiques passées ou à venir qui pourraient ralentir le processus, le complexifier et au bout du compte accroitre les coûts.


L’objectif opérationnel est de supprimer le soin pour le remplacer par le diagnostic. L’étiquetage permet le rangement compétitif des marchandises. Une bonne organisation des stocks est la clef d’un rendement optimisé. Et cela coupe court à tout questionnement intempestif dont on ne sait jamais sur quoi cela peut déboucher. Votre fils est TND, nous avons le produit ad hoc en stock. Et si on n’en a pas c’est qu’il ne servait à rien. Pas de masques nous a-t-on dit l’hiver dernier, car ils ne servent à rien. Nous en avons maintenant, ils sont obligatoires.

L’important c’est de ne pas mégoter sur l’étiquette et pour cela, une fois encore il faut rationaliser. L’autisme n’ayant aucun marqueur biologique, son existence ne se soutient que de son apparence, multiple et mal repérable. Créons donc un fantôme puisque tout cela est imaginaire, inventons le Spectre de l’autisme pour faire peur à tous ces mécréants qui pensent que la folie est une part de l’humanité. Mettons toutes les contradictions, tous les questionnements, toutes les incertitudes, et la vérité enfouie qui pourrait se faire jour, dans le bocal à étiquette unique : « TSA », troubles du spectre autistique.

Une réserve (dans un commerce) optimisée comprend le moins de références possible pour gagner du temps. Par exemple tout ce qui est langage, psychomotricité, difficultés scolaires, troubles du comportement on met cela dans la boite TND, avec une sous boite pour l’agitation et l’inattention (exit l’angoisse, l’anxiété, le malheur, …) car pour cette sous-boite on a une potion magique, une drogue qui vous transforme un enfant en moins de temps qu’il n’en faut pour avaler sa pilule d’amphétamine, non pardon de Ritaline. Et comme il y a quand même des esprits mal intentionnés partout et qu’il a fallu, pour promouvoir le produit, inonder les médias de ce terme si affectueusement féminin de Ritaline, brouillons les pistes, comme pour les lessives, changeons tous les six mois de nom pour exactement la même molécule. La marchandisation de la santé doit tout au langage, à la manipulation du langage, dans la loi comme dans les pratiques quotidiennes.

Par rapport au covid c’est pareil, il n‘y a pas de médicaments mais il y aura un vaccin et ce sera le loto du siècle : sept milliards d’humains à vacciner. Celui qui arrive le premier rafle la mise, alors on savait depuis le début qu’il serait vite trouvé. Pour deux raisons, le vaccin est une des très rares découvertes de la médecine moderne (les autres « découvertes » sont presque toutes liées à des avancées technologiques en rapport avec des sciences dures qui n’ont rien de médicales, mais qui ont trouvé un débouché dans la médecine). Dans le monde entier depuis des dizaines d’années on produit des vaccins qui ont éliminé le plus grand nombre de maladies mortelles. Ensuite, de les produire vite ou pas, de sélectionner les maladies sur lesquelles il faut travailler, n’est que du ressort de la loi du marché capitaliste. Quelques mois, si on y met le paquet et les sous, suffisent à produire un nouveau vaccin ; le problème qui se pose alors au marché c’est de savoir s’il faut un gagnant ou plusieurs pour rentabiliser au mieux la manne providentielle que nous a offert le Pangolin. La solution c’est comme pour les médicaments ou les lessives, il faut multiplier les noms d’un même vaccin. On a vu également au fil de la pandémie que l’on pouvait aussi multiplier les doses avec toujours des arguments présentés comme « scientifiques » puisque le virus a permis magiquement de transformer les médecins en « scientifiques », comme l’atteste la scie journalistique : « les scientifiques nous disent... » répétée à l’envie.

Passons aux compétences requises pour réaliser l’objectif opérationnel : supprimer le soin au profit du diagnostic ? Il faut d’abord avoir des tests, qu’ils soient simples à utiliser pour être sûr d’avoir la réponse attendue, qu’ils aient une apparence « scientifique » c’est-à-dire qu’il y ait des chiffres et des courbes et qu’il en soit fait compte rendu dans une novlangue incompréhensible du « vulgaire commun » mais en intégrant le moins d’éléments possibles, toujours les mêmes, si possible valables dans toutes les langues, tous les pays, pour affirmer ainsi son universalité scientifique irréfutable. Il a donc fallu inventer des tests comme on invente des jeux de société avec dépôt de brevet promettant là encore d’énormes « jack-pots » puisque ces tests sont à vocation mondiale.

Ainsi de Vineland en ADOS (Autisme Diagnostic Observation Schedule), de CARS (Childhood Autism Rating School) en questionnaire de Conners, ont fleuri des dizaines de test simplissimes, sous forme de questions et réponses monosyllabiques proches du 1 ou 0 des ordinateurs, ou la parole est expurgée de toute subjectivité, de tout implicite, de toute complexité, de toute porosité à un quelconque espace inconscient, et dont le testeur est protégé de toute dimension transférentielle autre que le sentiment d’un rapport à la science transcendentale et inaccessible.

Pourtant ces tests sont aussi idiots que tautologiques, mais la complicité médicale des psychiatres et neuro-pédiatres, la complicité universitaire des neuro-psychologues, les conflits d’intérêts de toutes sortes des revues médicales (de « Haut niveau ») et des conseils scientifiques les plus huppés ont fait de ces outils de pacotilles la référence absolue de la vérité, celle qui doit nous permettre de rattraper le retard que nous évoquions au début de cet article. Ce retard aurait été soi-disant creusé par le temps perdu par l’accueil d’une souffrance, d’une parole de souffrance, par le temps de la dire, par le temps de l’écoute d’un récit, par le temps de le dire ce récit d’une vie individuelle ou familiale, de le confronter au monde, celui qu’on imagine et celui qui est. Car ce temps nécessaire du soin est un gouffre financier pour le capitalisme numérique qui s’est mis en tête de faire fructifier la productivité de la santé mentale.

Le diagnostic doit donc être précoce, rapide, simple, clair, définitif, sans ambiguïté, non contestable puisque chiffré et donc évaluable. Comme le nombre de morts quotidiens des Epahd, des hospitalisations et des mises en coma quotidiennes en réanimation dont nous inondent les médias depuis un an à propos du Covid. Sans parler de la hauteur des vagues et des coefficients de marée des différents variants.

Puisque l’important c’est de diagnostiquer un handicap, c’est-à-dire quelque chose d’immuable, comme la couleur des yeux ou de la peau, ou la conséquence d’un Accident Vasculaire Cérébral, à la notion de soin on substitue celle de rééducation qui, là aussi, sera habillée d’un nouveau langage comme « réhabilitation sociale », thérapie cognitivo comportementale ((TCC) ou plus fourbe encore thérapie d’échange et de développement (TED). Cette dernière résume toute l’imposture du vernis médical habillant le « rien » du soin proposé : ce qui se fait tous les jours depuis toujours et en tout lieu avec des enfants si l’on est amené à s’occuper d’eux sans références à aucune théorie (la vie somme toute) va être formaté dans le temps, l’espace et dans les objets, et rentabilisé. Il vous faut acheter près de huit cents euros une boite (brevetée) qui contient une marionnette, une balle à chat et deux chiffons, puis il vous faut une pièce repeinte en blanc uni avec une table carré au milieu et deux chaises, ce qui ne vous couterait quand même pas trop d’euros sauf que le must serait d’y rajouter une glace sans tain et un système de camera (il y a quand même des sous-traitants à faire travailler). Ensuite vous protocolisez le temps à deux fois 15 minutes par semaine et, comme on n’est jamais trop prudent, pour éviter toute prise transférentielle, il vous faut deux soignants différents dans la semaine. Ceux-ci jouent avec l’enfant (peut-on dire dans ces conditions que l’enfant joue avec eux ? ...) puis notent sur des feuilles à grille ce que celui-ci a fait, vous maintenez l’activité six mois, vous mettez des chiffres, vous faites une courbe et vous validez ou faites valider par une inspection de l’ARS ou une association de parents et vous recevez les subsides qui vous permettent de continuer…l’enfant est devenu une souris de laboratoire…on peut passer à un autre. On a la transformation d’un enfant en pangolin informatif du handicap à visée inclusive.

Supprimer le soin par la rééducation (ce qui historiquement revient à faire un bond en arrière de plus d’un siècle !) impose un nouveau terme langagier adapté : l’inclusion, l’inclusion généralisée, le tout inclusif. C’est la nouvelle compétence pour supprimer tout lieu de soin, si dispendieux en matière immobilière et en personnel diplômé. Pas de soin, donc plus besoin de Consultation Médico Psychologique, ou de CMPP ou d’Hôpitaux de Jour, ou mieux encore d’internat comme les Instituts Thérapeutiques Éducatifs et Pédagogiques (ITEP), ou les Instituts Médicaux Éducatifs (IME). De l’immatériel, du mobile, de l’inexistant…de l’inclusion dans ce qui existe déjà, à n’importe quel prix humain… Ici se rejoint dans une sorte d’extase économique de « start-up nation » le « moindre coût » financier au « quoiqu’il en coûte » humain. Bien peu ont relevé l’ambiguïté de cette formule macronienne du « quoi qu’il en coûte » suivant qu’on l’entende de manière transitive ou intransitive. « Ça va vous coûter cher » : en quoi ? en argent, en vie, en liberté, en malheur ?

L’inclusion dans les écoles par exemple, se fera à prix coûtant en terme financier, on va rajouter du personnel sous, voire non-qualifié, c’est un problème de nombre, de nombre d’adulte, qui n’ont besoin ni d’être formés, ni d’être payés cher donc. A terme avec la disparition des lieux de soin et du personnel soignant et diplômé, de toute façon inutile, qui allait avec, l’économie est plus que substantielle.

D’autant qu’allégé de tous ces fonctionnaires et assimilés, fainéants et dispendieux, on pourra plus facilement faire appel au secteur privé et directement marchand pour monter des vitrines illuminant la vie radieuse de la cité éclairée (en énergie renouvelable évidemment, ben quand même…) de ce 21éme siècle enfin débarrassé de toutes références à l’inconscient et de tous les pangolins qui s’y cachent.


L’objectif final : cette étude comparée de la crise du covid et de la crise de la prise en charge de la souffrance psychique infanto-juvénile nous révèle que l’entrée dans le troisième millénaire se caractérise, en Occident, par la mise sous tutelle complète de la santé et du soin par le capitalisme numérique extensif.

La nomination par Freud, de ce que depuis la nuit des temps humains on savait être à l’œuvre en chacun de nous, puis, son immédiate application aux conséquences du ravage réel causé par la gouvernance soudaine du monde occidental par le pire, au siècle dernier, avait ouvert un champ infini de recherches et de connaissances sur le psychisme humain et donc aussi sur ses désordres. Une recherche fondamentale et sur le très long terme, tout à fait non rentable, et aux conséquences imprévisibles et pleine d’incertitudes et de doutes, ouvrit alors une voie sans plus-value rentable, à l’exact opposé du désir autoreproductif de l’économie capitaliste numérique accouchée par les trente glorieuses de l’après-guerre et l’auto-effondrement du communisme d’état.

Tout ce qu’il peut y avoir de totalitaire et d’inhumain dans la gestion financière du monde, ne peut tolérer l’existence de l’inconscient humain, qui par le fait même de son inconscience, est toujours, de structure, subversif et incontrôlable. Exactement comme ce damné pangolin, fourmilier placide et lent, ignorant des fantasmes aphrodisiaques dont il est l’objet, et qui ne cesse de se faire mordiller par de sympathiques chauve-souris au système immunitaire en béton. Bien sûr, si l’utilisation de l’inconscient peut permettre de « booster » la consommation par le biais de la publicité par exemple, le capitalisme en fera le meilleur usage, la contradiction suffit d’être cachée et non-dite, il n’y a aucune limite éthique dans l’intérêt du capital.

Si les plus riches veulent continuer à devenir de plus en plus riches en profitant de la source de profit infinie que pourrait constituer une médecine et un rapport à la santé rentable et performant financièrement, il faudra bien se débarrasser des pangolins (les chauve-souris sont trop nombreuses) une bonne fois pour toutes. Il devra en aller de même de la notion d’inconscient, ce pangolin de l’esprit qui ne cesse d’infecter la parole et les corps de toutes les subversions, les dérapages, les actes manqués, les ratages, les inventions et les créations du monde pour entraver le petit commerce mondial. L’inconscient dont l’étendard est la folie, des grands comme des petits, qui, comme la mort, ne cesse de nous questionner sur notre humaine condition.


Philippe Rassat,

Grézillac, décembre 2020/décembre 2021





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