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DU SUJET ET DE L'AUTRE

jeanlouissous

Dernière mise à jour : 30 nov. 2024


le samedi 9 novembre 2024. Intervention de Jean Louis Sous - Espace Franquin - Angoulême - 14h - 17h 30. Salle Pacès - Participation : 20 euros.


Et il suffit d'écouter la poésie, ce qui était sans doute le cas de F. de Saussure , pour que s'y fasse entendre une polyphonie et que tout discours s'avère s'aligner sur les plusieurs portées d'une partition.

J. Lacan - L'instance de la lettre dans l'inconscient


DU SUJET


Il s’agira, dans ce parcours, de questionner ce sujet de l’inconscient au regard du sujet du droit (personne morale), du sujet de la philosophie (cogito cartésien) et du sujet de la science excluant la dimension de la « vérité ».


Si vous relisez les séances datées du 29 novembre et du 6 décembre 1961 du séminaire sur L’identification, vous pourriez être surpris par un savoureux enchaînement : c’est après avoir parlé de sa chienne Justine qui, elle, ne le prend pas pour un Autre et ne parle que par jappements ou aboiements que Jacques Lacan formalise la chaîne signifiante, et distingue le signe du signifiant. Nous interrogerons la fabrique de cette formule canonique, un signifiant représente le sujet pour un autre signifiant en référence à la linguistique (Saussure, Pierce) ainsi que chaque élément de cet énoncé: un, siginifiant, représente, pour.


Dans la mesure où, par les temps qui courent, les symptômes ne valent plus qu’en tant que signes, il sera proposé, en contrepoint, une déclinaison de cas d’enfants mettant à l’épreuve une autre lecture qui prendrait en compte la dimension d’un transfert signifiant.

que comme signes, il sera proposé, en contrepoint, une déclinaison de cas

d’enfants mettant à l’épreuve une autre lecture qui prendrait dimensions du transfert signifiant.

tôt que co. . BIBLIOGRAPHIE

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en compte les

Alain de Libéra, Naissance du sujet, Paris, Vrin, 2016.Denis Salas, Sujet de chair, sujet de droit, la justice face au transsexualisme,

Paris, puf, 1994.

Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, Paris, Payot, 1972.

Charles P. Pierce, Écrits sur le signe, Paris, Seuil, 1978.

S. Freud, « La décomposition de la personnalité psychique » 1932, in Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Paris, Folio Essais, 1989.

F. Dolto, L’image inconsciente du corps, Paris, Points, 2014. J.Lacan, La science et la vérité in Écrits, Seuil, 1966

« Subversion du sujet et dialectique du désir », in Écrits, Seuil, 1966; Le transfert, séance du 12 avril 1961.

L’Identification, séances du 29 nov. et 6 décembre 1961, Version Michel Roussan.

Problèmes cruciaux pour la psychanalyse, séance du 5 mai 1965, Version Michel Roussan.

contrepoint, une déclinaison de cas d’enfants mettant à l’épreuve une autre lecture qui prendrait en com

DU SUJET (I)


ENTAME




   Et il suffit d’écouter la poésie, ce qui était  sans doute le cas de F. de Saussure, pour que     s’y fasse entendre une polyphonie et que tout

   discours s’avère s’aligner sur les plusieurs

   port des d’une partition.


       J. Lacan, L’instance de la lettre dans l’inconscient



Titrer cette étude sous le régime de la partition, à la manière latine d’un Cicéron écrivant son traité sur l’art rhétorique De oratione ou d’un Lucrèce proposant un De natura rerum, ne pourrait  que  condenser et faire résonner la portée partitive de l’abord du sujet formalisé par Jacques Lacan. : compte- tenu de son inscription dans les traces, les traits, les marques de l’Autre, s’entendent les modulations d’une polyphonie signifiante ainsi que les syncopes, les coupures qui feront écart et démarque. Ce serait faire cas du sujet, décliner son régime  à l’ablatif.  Le « génitif » supposé du discours de l’Autre ( trésor des signifiants) ou du désir de l’Autre ( souvent rapporté aux géniteurs) reste pris dans une logique de l’appartenance. C’est plutôt, à partir de ces modalités, que s’abstrait un possible dégagement de la façon dont on a été gagé dans l’Autre. Passage de langues entre le « de » du  génitif français au « de » latin , engageant un autre rapport au « deux ». Et justement, la démarque décisive opérée par Jacques Lacan aura été de rompre avec l’entité freudienne  d’un « moi » considéré comme valeur de synthèse unitaire et de l’avoir ravalé au rang d’une fonction de méconnaissance , voire de  connaissance paranoïaque qui équivaudrait même à la personnalité. Lieu de toutes les « emmoïsations ». Cette dernière notation exclut que la psychanalyse retombe dans un personnalisme  qui concéderait aux ruses du semblant et de l’être en représentation. Si, par exemple, l’espace laïque de notre société autorise, selon les droits juridiques de la personne, le divorce ou l’avortement, il n’en reste pas moins, que la psychanalyse offre un lieu profane où peuvent s’interroger les manières dont les séparations et les interruptions de grossesse peuvent demeurer en souffrance et affecter le sujet. Il s’agirait plutôt de faire tomber les masques de  la persona en latin et de faire sonner autrement « ce qui représente ».La question de l’interprétant n’est pas à aborder en termes de personne. Il n’est pas à proprement parler la personne qui interprète. Selon Pierce, c’est le signe qui détermine un effet sur la personne et qui est qualifié d’interprétant. Mais il peut être aussi ce qui affecte la personne, une qualité de sentiment ou ce qui va déclencher, une action, une expérience, une intention.


Charles S. Pierce, Ecrits sur le signe, Paris, Seuil, 1978: « Un signe ou représentamen est quelque chose qui tient lieu pour quelqu’un de quelque chose sous quelque rapport ou à quelque titre. Il s’adresse à quelqu’un, c’est-à-dire crée dans l’esprit de cette personne un signe équivalent ou peut-être un signe plus développé. Ce signe qu’il crée, je l’appelle l’interprétant du premier signe. Ce signe tient lieu de quelque chose, de son objet. [...] J’ai ajouté « sur une personne” comme pour jeter un gâteau à Cerbère parce que je désespère de faire comprendre ma propre conception qui est plus large. »

Sévit donc un gril imaginaire du « deux » où flambent rivalités, vexations, susceptibilités, ou interprétations  imputées et prêtées à nos semblables. La fonction-sujet viendrait opérer en contrepoint, pouvant interpréter autrement, dans une dimension symbolique tierce ( par le truchement du Grand Autre où se décline la répétition du sujet) ces leurres imaginaires de captations d’images.


Cette formalisation du sujet trouve son apogée dans la formule canonique : un signifiant représente le sujet pour un autre signifiant dont on pourra interroger chacun de ses termes ainsi que l’origine de son émergence. De même, au fil de sa pensée, une période de la conception du sujet représente Jacques Lacan pour une autre période de théorisation . Sa théorie du sujet se décline, comme l’étymologie grecque l’indique, dans  les variations de cette « suite ». Notre lecture se faufilera dans l’interstice de ces diverses versions, considérant que ces énoncés théoriques relèvent également de signifiants  à questionner au fil de leur énonciation. Ainsi, cette première approche paraît s’inscrire dans le contexte structuralisme du moment marqué par la référence aux avancées linguistiques de Pierce et Saussure. Mais Jacques Lacan ne demeurera pas fixé sur cette « épistémé ». Il est vrai que le formalisme structuraliste fondée sur le jeu réglé d’oppositions signifiantes binaires ne participait en rien d’une économie libidinale au point que la critique à l’égard de ce courant de pensée a pu parler de « mort du sujet » assimilant la dépendance du sujet au signifiant à sa négation ou son abolition.

Jacques Lacan, par la suite,  va réintroduire l’objet pulsionnel au regard du battement du sujet désormais corrélé à la question de la jouissance. Le sujet philosophique cartésien et sa supposé transparence dans le fondement de son être, sera ainsi radicalement détourné et subverti :


je pense ou je ne suis pas , je suis ou je ne pense pas

je pense donc SE jouit


Cette étude donnera suite aux différentes variantes que Jacques Lacan aura développées dans les diverses manières de caractériser les modalités du sujet: représentation signifiante, immixtion générique des sujets, supposition de savoir, division en rapport avec l’objet a et au fantasme, effaçons du sujet, points triplés du croisement des dimensions imaginaire/symbolique/réel. Eu égard à ces différentes variations, il apparaît que persiste un invariant tout au long de ce frayage: Jacques Lacan aura donné au sujet le rythme d’un battement ou de pulsation,  l’algorithme de l’entre, de l’entre-deux , la tonalité d’un intervalle, le trait d’une coupure.


UN SIGNIFIANT REPRÉSENTE LE SUJET POUR UN AUTRE SIGNIFIANT


Si vous relisez les séances datées du 29 novembre et du 6 décembre 1961 du séminaire sur L’identification, vous pourriez être surpris par un savoureux enchaînement : c’est après avoir parlé de sa chienne Justine qui, elle, ne le prend pas pour un Autre et ne parle que par jappements ou aboiements que Jacques Lacan formalise la chaîne signifiante, et distingue le signe du signifiant. C’est justement cette propriété de substitution et de transfert qui fabrique les embrouilles du « propre », les sentiments d’usurpation, de tromperie et de trahison, les malentendus de l’amour. Comme si, seul, l’animal domestiquait tous ces travers  et offrait une âme fidèle à toute épreuve.


Une femme alcoolique, ayant connu bien des avatars dans ses histoires amoureuses, pouvait dire: « l’alcool, désormais, c’est mon fidèle compagnon » !


Cette formalisation de la chaîne signifiante selon la formule d’un signifiant représentant le sujet pour un autre signifiant se réfère au champ linguistique: reprise de la notion de « signifiant » avancée par Ferdinand de Saussure et de la notion de « représentation » tirée des travaux de Pierce.    


FLÈCHES



Jacques Lacan a traité et titré l’algorithme saussurien en opérant par épure, en se débarrassant de toutes les scories métaphysiques encore liées aux notions d’entité ou d’unité linguistiques. Il passe à une physique du langage, à un rythme, une respiration de la langue scandée par un jeu d’intervalle. On peut lire ça, physiquement, dans les nouvelles écrit: S / s

Cette nouvelle écriture se trouve dans le chapitre  « L’Instance de la lettre dans l’inconscient », Paris, Seuil , 1966 p. 497.


Il y a oblitération de l’ellipse entourant l’unité linguistique du signe, disparition du double fléchage et inversion des places signifiant/signifié par rapport à la barre de leur séparation qui marque la résistance à la signification, le signifiant passant au-dessus tandis que le signifié est relégué au-dessous.



BARRE ET REFOULEMENT


Un rêve relaté par Freud dans l’Interprétation des rêves peut nous faire entrevoir  cette opération topologique ( passage d’un dessus en dessous) qui scande l’algorithme d’un refoulement:


La nuit qui précéda l’enterrement de mon père, je vis en rêve un placard imprimé, une sorte d’affiche, quelque chose comme le « Défense de fumer » des salles d’attente des gares. On y lisait:


On est prié de fermer les yeux

    ou

On est prié de fermer un oeil


ce que j’ai l’habitude d’écrire ainsi:


On est prié de fermer les yeux

         —————

   un oeil


Chacune de ces formules a son sens particulier et dirige l’interprétation de façon différente. J’avais choisi le cérémonial le plus simple, sachant ce que mon père pensait de ces sortes de choses; certains membres de ma famille m’avaient désapprouvé , objectant le qu’en dira-t-on. D’où l’expression allemande « fermer un oeil » (user d’indulgence). Le travail du rêve n’a pu parvenir à trouver un mot unique , mais ambigu, qui représentât les deux pensées.

Le traducteur indique que la dualité n’apparaît pas en français où l’on dit « fermer les yeux » dans le sens d’être indulgent.

Cette deuxième écriture, sous forme de clignotement ou de diplopie, par l’équivoque d’un «fermer les yeux », marque la barre, l’embarras suscité par ce tiraillement entre le devoir, le respect envers « un père » et l’indulgence (autre forme de commerce avec la vérité) l’excuse que l’on pourrait solliciter si on ne respectait pas cette obligation.

dessus                    le deux-voir au regard du père

          ———                  ——————————————

          dessous                    demande d’indulgence - excuse


Ces opérations sur le rapport signifiant/signifié se doublent de l’abréviation de ces deux termes. Ils ne gardent que leurs lettres initiales tandis que se produit également un jeu sur leur forme écrite: le signifiant s’inscrit en majuscule (S) alors que le signifié est indiqué par une minuscule (s) dont le style est en italique. Ce détournement apparaît comme une manière (par la disparité et la dissymétrie introduites) de casser le caractère indissociable du signe dans sa correspondance bi- univoque. De plus est proposée une rotation de cette représentation verticale, hiérarchique (il n’y a plus l’aller-retour de doubles flèches) en effectuant un quart de tour pour ne retenir que le glissement horizontal d’un signifiant ne valant que par rapport à un autre signifiant. Ici, une seule flèche suffit à orienter l’horizon de ce renvoi.



S1 —> S2



Toutefois, cette époque de la formalisation lacanienne garde une profonde empreinte et une non moins forte prégnance du binarisme saussurien (opposition formelle de la distinction des phonèmes et des morphèmes). Pour Saussure, la langue ne saurait être « altérée »,  placée sous le signe d’une altérité littérale, en tant que substance jouissante, tissée d’hybridations ou émaillée de néologismes). L’indexation (1-2) d’un signifiant unaire et binaire ne s’entend qu’en rapport avec cette considération d’une paire signifiante.



SIGNIFICATION/VALEUR


C’est parce que la langue ne saurait être exclusivement une nomenclature faisant correspondre termes et choses qu’il convient, nous dit Saussure, de distinguer signification et valeur dans le champ linguistique . À quelle arborescence de sens se réfère le mot arbor ou à quel chevauchement de significations renvoie le latin equus ? Est- ce que c’est un phonème de nature vocale, une image acoustique ou une empreinte dite psychique ? Comment opèrent les articulations de ces niveaux ? Une feuille de papier découpée comporte un recto et un verso, la pensée et le son selon Saussure, mais la relation entre les morceaux découpés est distincte du seul rapport recto/verso. Ainsi, une pièce de monnaie vaut en ce qu’elle pourra s’échanger contre un morceau de pain mais aussi en comparaison avec les valeurs similaires et étalonnées d’un même système (autre pièce ou monnaie étrangère). La valeur semble donc régie par ce principe paradoxal : c’est une chose dissemblable susceptible d’ être é c h a n g é e contre une marchandise en tant que valeur à déterminer et c’est avec des éléments similaires comparables (change) qu’on peut en établir la valeur. Dans l’économie de la langue, la valeur ne pourrait donc s’établir lorsqu’il y a simplement échange d’un mot contre tel ou tel concept fixé a priori, telle ou telle idée donnée à l’avance. Elle dépend des circonstances, du contexte, des occurrences qui concourent, dans le jeu oppositionnel et différentiel des signifiants, à produire le change du sens. Le mot français mouton peut avoir la même signification que le terme anglais sheep mais pas la même valeur puisque lorsque les Anglais servent une pièce de viande sur une table, ils utilisent l’expression mutton. Par ailleurs, la langue française emploie le verbe «louer» (louer un appartement) indifféremment pour «prendre à bail» ou «donner à bail» de sorte que la déclaration suivante : «je viens de louer un appartement» laisse équivoque le fait de savoir s’il s’agit d’un acte de propriétaire ou de locataire. Ces nouveaux développements amèneront Saussure à proposer un autre algorithme du rapport signifiant/signifié qui, par l’introduction de l’italique aux lettres inclinées, marque déjà le glissement oblique du sens, sa déclinaison en contre point de sa verticalité hiératiquement conceptuelle.

 

Pour autant, la langue demeure par son système binaire différentiel (phonique et morphologique) une forme et s’écarte de toute substance matérielle : un fragment de langue est fondé sur sa non-coïncidence avec le reste qui exclut toute confusion des phonèmes. Le son ne vaut pas en tant que lui-même comme élément matériel dans la langue, il ne s’entend que par différences phoniques. De même que ce n’est pas le métal d’une pièce de monnaie qui en fixe la valeur, de même, le signifiant est dit incorporel dans la mesure où il n’est pas constitué par sa substance matérielle mais par le jeu différentiel des images acoustiques. Certes, la notion de «valeur» entame l’indexation référentielle dans sa correspondance bi- univoque, mais elle reste solidaire d’une conception formaliste qui exclut justement les équivalences matérielles de la langue dans ses sédimentations homonymiques ou ses glissements homophoniques. C’est comme si ce système était tellement assigné, horizontalement enchaîné, arraisonné à binarisme différentiel de la chaîne signifiante qu’il en perdrait toute résonance avec les possibles superpositions d’une écriture de type partition musicale. L’accroche est accordée sur le mode binaire : pas de triples croches qui ferait résonner un désaccord, une dissonance équivoque !


  

Comment entendre ce « représenter pour » ? L’équivoque logique, colportée par ce verbe, prête à quiproquos et suppose de suivre les chicanes de ses tribulations entre émissaire et destination, entre causalité et délégation. Le passage par l’allemand pourrait permettre de décomposer la condensation de ce terme en langue française. Peut-on réduire la représentation au champ exclusif d’un signifiant symbolique? Quel reliquat d’image spéculaire demeure recouverte comme Vorstellung? Quelle cause est figurée (derstellen) ? Quelle représentation de but est assignée (Triebrepresentanz) couvrant l’objet pulsionnel (représentant de la représentation) ? Qui prend la place de qui (vertreten) dans cette énonciation symptomatique ?


POUR : équivalence, substitution: un mot pour un autre. Relation, rapport : grand pour son âge. Cause introduite : puni pour paresse. Point de vue : pour lui, c’est grave. Destination, but : il est parti pour la ville, pour le plaisir. Conséquence : pour son malheur. Durée, terme d’un délai : pour trois mois, un travail à finir pour mardi. Circonstance : pour le moment.


Jacques Lacan, cassant justement le régime binaire de la formule, pourra préciser l’enjeu d’une analyse : ne plus être soumis à assignation.

Représenter quelque chose pour quelqu’un , c’est justement là ce qui est à rompre car le signe qui est à donner est le signe du manque de signifiant.

Le caractère flottant de l’expression « pour », amène également à interroger la qualification de « un » qui rythme la mesure de la paire signifiante. Est exclue la référence à une unité, à une unification mais serait retenue l’indétermination, sa valeur quelconque qui invite à attention flottante (sans privilégier l’un d’eux) suspendue au fil associatif de l’analysant. Pour autant, tous les signifiants se valent-ils ou plus précisément, dans leur agencement en phrases, participent-ils du même régime grammatical, relèvent-ils d’intensités équivalentes? Leur impression n’est pas sans être affectée par des qualificatifs  ou adverbes (sensations, émotions sensorielles) ou des verbes (sauver, réparer, repêcher, gâcher, saboter…) qui  indexent souvent répétition et fantasme? La formule du fantasme On bat un enfant conjugue, justement, le déguisement de l’anonymat tout autant que l’action verbale imaginaire et pulsionnelle.


Et du reste, Jacques Lacan donnera à cette paire signifiante, indexée 1 et 2 suivant des indices de primauté et de secondarité, (comme si était attendue, par effet interprétatif,  une substitution de l’un à l’autre) d’autres valeurs: S1 sera qualifié de signifiant-maître (un Un qui vous assujettit sous sa détermination et sa croyance en l'identité incontournable de son discours) tandis que S2  ne représentera plus un élément mais nommera l’ensemble du savoir inconscient (qui fuit ou échappe) objectant à un savoir universitaire doctoral. Ce 2 pourrait aussi s’entendre comme le redoublement d’une répétition qui affecte notre rapport au « deux » (relation à une mère, un père, rapport amoureux ou sexuel , rapport parental à un enfant). Et si l’on dégage le signifiant de cette indexation élémentaire, on pourrait élargir la formulation et avancer :

     

"une scène représente le sujet pour une autre scène"

 

Dans l’enjeu de son existence, le sujet se faufile entre les souvenirs-couvercles de son enfance, vrais ou faux,  les scènes actuelles de ses mises sexuelles ou parentales, ses engagements professionnels ou idéologiques (« familles » de l’entreprise des institutions soignantes, des groupes politiques, associatifs ou syndicaux) ainsi que l'Autre scène du rêve. Certes, l’organisation institutionnelle de ces lieux est régie par la loi symbolique  du code du travail qui détermine les droits du sujet dans la distribution des fiches de poste, des compétences, la répartition hiérarchique ou les rapports de subordination. Mais ces règles peuvent facilement virer à des relations de domination et de règlements de compte hystérisants (un maître que l’on défi et dont on se plaint par ailleurs d’un pouvoir abusif) des pratiques de harcèlement conduisant à un vécu de soupçon ou de suspicion (contrôle directoral du travail) ou entraînant isolation ou « placardisation » du salarié.

Par les temps qui courent, la notion de « burn-out » flambe de toute part. Outre que cet épuisement répond à la pression sur-moïque de la performance, il résonne chez le sujet, par saturation de scènes, avec des sentiments de dévalorisation, de dépression ou d’humiliation renvoyant souvent à des précédents et des souvenirs infantiles.


C’est l’entrecroisement de tous ces transferts souterrains qui mine l’économie libidinale de ces lieux (« ce directeur ose se prendre pour mon père, cette assistance sociale cause comme ma soeur, il m’a pris pour sa mère, elle voulait que je sois un père »). Oui, décidément, une chienne ne me prend par pour un autre!

À l’heure où le s symptômes ne valent plus qu’en tant que signes, ne déclinaison de cas d’enfants mettant à l’épreuve une autre lecture,  pourrait faire entendre et prendre en compte la dimension d’un transfert signifiant. Le régime du récit (savoir textuel) accompagnera la relation de ces deux cas.




               La mère qui voulait un diagnostic




La mère: Quand, au CM2, on m’a dit qu’Antoine manquait de confiance en lui, qu’il oubliait les choses ou qu’il doutait beaucoup dans ce qu’il faisait, j‘ai fait ni une, ni deux, j’ai pris les devants et je vous l’ai amené. Quand on vit seule avec ses enfants, on ne voit pas toujours ce qu’ils ont, alors, ça faisait longtemps que j’étais inquiet, je voulais faire des bilans, je voulais être rassurée, je voulais un diagnostic quoi!


- Un diagnostic?


La mère:   Oui, ça vous étonne? Surtout que quelquefois, Antoine faisait des réflexions un peu morbides. Quand je mettais les poubelles, dehors, il me disait: « tu peux me mettre avec… avec les déchets. ». C’est vrai que le morbide, j’ai déjà donné… quand j’ai rencontré son père, je l’ai toujours connu avec un mal au dos qui le faisait beaucoup souffrir. Et quand j’ai été enceinte d’Antoine et de son frère jumeau, j’ai dû m’aliter, c’est lui qui a tout pris en charge, il a eu de plus en plus de mal et quand j’ai accouché, je me suis aperçu qu’il avait énormément maigri… Alors, il a passé des examens, on a d’abord pensé à une tuberculose osseuse et on a fait immédiatement vacciné les enfants… et puis, on a fini par me dire qu’il n’ y avait plus rien à faire, que c’était trop tard, que le cancer s’était généralisé jusqu’au cerveau. Alors, je suis parti avec lui, à l’hôpital, j’ai laissé mes enfants à mes beaux-parents. Leur père est mort, très vite après, ils avaient cinq mois. J’ai réussi quand même à « mitrailler » une photo des jumeaux avec lui, avant qu’il ne meure. Au fond, tout le monde est passé à côté, même sa mère qui était médecin, alors, il ne faudrait pas… enfin, vous voyez, même si on ne pourra être vraiment sûr que dans trente ans et savoir si on n’est pas passé à côté de quelque chose…


- Ta maman, Antoine, voudrait que je sois un médecin qui ne passe pas à côté de ce que tu pourrais avoir. Elle aurait peur qu’il t’arrive quelque chose, comme à ton papa. Mais faut-il que ce soit pareil, que tu es aussi quelque chose qui marche pas dans ton cerveau?


La mère accepte une  proposition de « thérapie » pour Antoine. Il pourra venir me parler, justement, de tout ce qui lui passe dans la tête, à propos de cette histoire.


Cette mère s’adresse à moi dans un supposition de savoir qui porte sur un « ne pas passer à côté d’un diagnostic ». Ce soupçon d’une possible maladie de son fils lui permettrait de rattraper le coup, de réparer la négligence qui a concerné le père. Et elle fait porter à Antoine cette angoisse, il est pris dans  la hantise, l‘ombre portée de la mort de son papa. C’est par rétroaction de cet événement passé sur le moment présent qu’elle anticipe, de façon morbide, sur le devenir de son fils.


Reprise I


Antoine fait un modelage:


C’est un monsieur, je lui enlève la tête parce qu’il perd la tête, comme moi, quand j’oublie mes cahiers. S’il perd la tête, il peut plus parler, il serait mort, il n’y a que le cerveau qui commande tout… Je lui refais la tête parce qu’il la perd trop souvent.


- Tu soignes donc ce monsieur qui aurait un problème au cerveau, comme toi.



Reprise II


Antoine construit un missile qu’il veut envoyer sur des ennemis mais qui lui retombe dessus.


Le malheur s’accroche sur moi, il est tombé sur moi, il faut que j’invente un missile qui tue le malheur.


- Faudrait pas que cette histoire de cerveau te retombe dessus.



Reprise III


« Ah, tu as mis tes lunettes de soleil, aujourd’hui… Je peux dessiner? »

C’est un bateau de pirate, sur la mer, avec une tête de mort. Le soleil (il le dessine avec des yeux portant, justement, des lunettes) a fait chauffer de ses rayons la corde de l’ancre. Elle a fondu, elle s’est cassée. Le bateau est parti à la dérive et on l’a plus revu, on ne sait plus où il a échoué.


- Ce soleil à lunettes, comme moi, a fait échouer la tête de mort qui piratait encore cette mèr(e)!



Reprise IV


- J’ai inventé une machine lance-missile. Tu la mettras dans un musée avec une étiquette dessous avec mon nom qui sera célèbre. Tu feras visiter ce musée comme si c’était une exposition. Tu sais, maintenant, j’ai été élu délégué, je fais parti du Conseil Municipal, je vais présenter des projets.



Par un transfert sur le reste diurne d’une paire de lunettes de soleil, Antoine se dégage de la répétition d’un piratage de son devenir parasité par l’angoisse de la mère. Il peut, désormais, se faire un nom propre, qui ne soit pas totalement inscrit dans la transmission morbide du nom de son père.


Moment crucial et final de cette « thérapiratage » où Antoine outre-passe l’insuccès vers un possible succès.



Un acte




Le père: Si je vous amène Matthieu, c’est qu’il est en grande difficulté scolaire. Il vient de rentrer en sixième et ses professeurs disent que, pour eux, c’est une véritable énigme: il est là sans être là, on ne sait comment le prendre pur l’intéresser à quelque chose, ils n’arrivent pas à cerner son caractère et son problème. Il a déjà fait quelques séances chez un pédopsychiatre qui a parlé de dépression mais ça n’a pas accroché. Il n’a pas beaucoup de camarades, il veut être garde-pêche, il a tendance à s’isoler. Je me demande aussi s’il ne se fait pas rejeter par les autres parce qu’il aime bien vous… vous asticoter. Avec nous, quand vous vous approche16z de lui pour vous faire la bise, il vous tend la joue sans vous regarder. On a l’impression que rin ne le touche qu’il est imperméable à tout, comme mutique. Il ne laisse passer aucune émotion, on ne peut pas avoir de dialogue, ça l’énerve très vite, enfin, c’est du moins ce qu’il montre, c’est comme un mur. Est-ce une carapace, je ne sais pas…


- Qu’est-ce que tu penses de ce que dit ton père, Matthieu?


Silence


- Est-ce que vous avez l’impression que ça a été toujours comme ça?


Le père: je crois que ce n’était pas comme ça, avant qu’Annie… C’est une petite fille que nous avons perdue à dix mois, de trisomie 18, car, très vite, on a dû l’alimenter avec un tuyau. Matthieu s’en occupait puis elle est allée à l’hôpital et elle y est très vite décédée. Ça a été très dur pour nous, voyez, même moi, je n’ai pas encore réussi à répandre ses cendres…


- Répandre ses cendres?


Le père: Oui, on a conservé son urne sur le buffet de la salle à manger avec des fleurs et sa photo, elle est toujours là… mais je me suis dit qu’un jour, moi qui aime faire de la montagne, j’irai jusqu’au Pic du Midi pour jeter ses cendres vers le ciel… mais je n’ai pas encore eu le courage de le faire, surtout, à cause de ma femme, je ne sais pas si elle le supporterait, enfin, je ne sais pas.


- Peut-être pourriez-vous en reparler avec elle?.


Le père:  Oui, peut-être, je verrais… C’est vrai, qu’après le décès, on était tellement triste, elle et moi, qu’on voulait la paix, le silence, on était moins disponible et on demandait à Matthieu de pas faire autant de bruit, de pas trop bouger,  il était si remuant.


-  Aujourd’hui, aussi, il la boucle!


Le père: Et puis, par-dessus le marché, il y a eu en plus le décès de ma belle-soeur, ça s’est accumulé, on a du récupérer les enfants pour s’en occuper. Claire, à peu près de l’âge de Matthieu et Roland plus petit, parce que le père n’était pas apte à s’en occuper tout seul. Matthieu commence a être odieux avec elle: l’autre jour, il a lâché que c’était elle qui était toujours servie la première… Cet été, alors que je distribuais des tickets de manège pour tout le monde, il n’en a pas voulu. Là, je crois, c’était plutôt pour faire celui qui est défavorisé, mal aimé. Voyez, il est assez déroutant, il peut se plaindre ou prendre un malin plaisir à se faire rejeter. Il a dû se renfermer en étant désabusé de tout… Je ne sais pas, moi, je cherche, c’est ce que j’ai ressenti… mais dis quelque chose Matthieu, tu dis rien!


Silence


- Vous ne croyez pas, que dans la salle à manger, il a encore l’impression que la présence de cette urne qui rappelle toujours sa soeur, ça lui bouffe encore sa vie?


Le père : C’est sans doute possible…


- Et peut-être que la présence de cette fille, Claire, lui prend, à nouveau, de l’espace et qu’il se venge sur elle?


Le père:  Ah oui, je n’avais pas vu ça comme ça.


- Je souhaiterais vous revoir avec votre femme, dans quinze jours.

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Quinze jours après


La mère seule: Je dois vous dire que lorsque mon mari m’a reparlé de votre entretien avec lui, j’ai d’abord trouvé ça très dur: on venait pour des problèmes scolaires et pas pour déballer l’intimité de notre histoire… et puis, j’ai réfléchi et j’ai pensé que ça avait à voir, sûrement, avec le côté renfermé de Matthieu et sa façon de ne pas s’ouvrir à nous et de nous reprocher toujours quelque chose. L’atmosphère était lourde, c’est pas marrant de sentir qu’on fait peser un poids sur vous sans savoir trop quoi, puisque Matthieu ne s’exprimait pas.  Alors, ça a été une décision difficile à prendre mais…(elle tente d’étouffer ses sanglots) nous avons changé l’urne de place, dans un lieu discret à l’abri des regards. Matthieu l’a remarqué tout de suite et a lâché:


« Tiens, elle est plus là  ».


Je crois que ça a soulagé tout le monde et je trouve qu’il est maintenant plus détendu et qu’il nous raconte beaucoup plus de choses. Finalement, c’est comme un sparadrap qu’on arrache ou une épine du pied qu’on extrait. Même si ça a été un peu violent pour nous,  vous  nous avez laissé décider sans imposer un « il faut ».. Alors, je vous dis, merci.. On verra ensuite comment évolue Matthieu et s’il est nécessaire de vous revoir.




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De la parole marquante à tu es cela, dépréciation ou louange - Philippe Lacadée -


Aragon relate, dans son livre Pour expliquer ce que j’étais, le souvenir tout à fait précis d’une parole marquante lui ayant laissé une trace ineffaçable. Pour Alice et Maud, ce sont deux mots qui ont impactés leur parlêtre. Enfin, pour un autre, c’est la logique de son analyse qui est venu lui donner la chance inventive de saisir la trajectoire de sa vie Pour expliquer ce que j’étais. Une phrase marquante de son analyste redonna vie au cadavre qu’il aurait été, un tu es cela mortifère lui offrant la chance inventive de faire de cette dépréciation même le principe d’une louange, soit se démarquer de l’impact d’une parole marquante l’ayant assigné à louer l’ange.


Le Tu es cela d’Aragon


Un soir où Aragon rentrait tardivement, il trouve sa mère couchée qui lisait, en l’attendant, « diverses publications à quatre et six sous, du genre qu’on dit populaire, des petits romans de la plus lugubre qualité […] de pauvres gens que je n’avais pas l’intention d’insulter, j’eus la malencontreuse idée de dire à ma mère, qui se piquait assez de littérature : Comment tu lis ces idioties-là, maintenant ? » À quoi elle lui rétorqua cette phrase marquante « Ces idioties-là sont l’œuvre d’un brave garçon, qui gagne sa vie avec, et qui te vaut, toi et ce que tu écris, mille fois… ». Aragon ne devait jamais oublier  la réponse de sa mère, et surtout le ton de celle-ci par lequel il dit s’être senti insulté. «  Rien ne peut rendre comme cela était dit. Ni que cela me fut et m’est cuisant, même aujourd’hui encore, après vingt et quelques années. » Il se sent évalué par celle « qui jamais ne me heurtait de front » et réduit dans la parole de sa mère, à un Tu es cela qui ne vaut pas grand chose. Il en éprouve une injustice , ce dont sa mère conviendra lorsqu’il lui en reparlera beaucoup plus tard, « elle a été terrifiée de l’importance que j’avais pu donner à ce jugement, et elle a eu la bonté de me dire «  Comme j’étais injuste !. » Il n’empêche que la rencontre de ce dire de sa mère fut vécu par lui, dès la première minute, comme un reproche qui lui «  fut si atrocement sensible »

« Tu es cela » est ce que le sujet rencontre à la fin de l’analyse, jusqu’à la limite extatique du langage, coloration plutôt dépréciative de cette assertion, à charge pour l’analyste de faire de cette dépréciation même le principe d’une louange.

Souvent, « au lieu où l’objet indicible est rejeté dans le réel, un mot se fait entendre ». Ce mot surgit dans l’urgence, à la place de ce qui n’a pas de nom, mais ne suit pas l’intention du sujet,  se détache de lui sur le mode de la réplique.


Le sors de Lucie


Lucie vient me voir pour une crise de colère ayant aboutie à son exclusion du collège. Elle m’explique que cette crise a été déclenchée par le « Sors » énoncé par son professeur, constatant qu’elle n’avait pas amené son devoir fait à la maison. C’est le ton de la voix qui énonce Sors qu’elle a pris comme insulte visant son être indicible. « Elle m’a traitée comme un chien », tel est la phrase marquante qu’elle s’entend penser dans sa tête, s’étant trouvée réduite à Tu es cela, un chien. La façon de dire Sors contient une prédication possible sur son être qu’elle a vécu dans le réel comme une insulte.

Cette brève injonction venue de l’Autre, humiliante, dégradante, l’a précipité sur le mode de la réplique vers l’émission de l’insulte pour se défendre du réel menaçant que contenait cet énoncé C’est cette insulte qui a provoqué son exclusion.

Elle me dira lors d’une autre séance que le principal du collège l’a reçue pour reparler de cette délicate situation et lui a dit un peu énervé, qu’elle avait réagi comme une adolescente de banlieue, elle a répliqué de façon très vive qu’elle se sentait de nouveau insultée. Cette expression référentielle fait insulte aux adolescents qui l’entendent, c’est ce qu’elle me dira. Certains cherchent à faire surgir de l’Autre leur nom d’insulté pour pouvoir, de façon inversée, en jouir. Ainsi traiter des jeunes de racailles, auxquels ils s’identifient parfois, peut faire d’autant plus point de capiton, on l’a vu lors des émeutes en 2005. Elle me dira que cela justifie et légitime pour eux de penser et de dire qu’on les a provoqués ou insultés. Mais elle m’avouera qu’elle aussi, souvent, avec les autes élèves manie l’insulte ou des phrases irrespectueuses et en tire un plaisir malsain.

Certains adolescents ne sont pas protégés ou ne se sentent pas à l’abri de leur nom d’insulte par leur nom propre ou par leur Nom-du-Père, en raison d’une précarité symbolique.


L’imbécile de Maud


C’est ce qui se passa pour Maud quand le mot imbécile se fait entendre à la place de l’objet indicible. Si le névrosé cherche son épithète, Maud rencontrera le sien en réalisant que son père la qualifie comme le chat de la maison.

Maud a 14 ans quand elle revient me parler, quelques années après que je l’ai reçue jeune enfant, parce que son père lui ayant crié dessus, elle l’a en retour insulté. Elle va m’expliquer la logique de ce qui l’a fait insulter son père en le traitant à son tour d’imbécile. « Il me dit imbécile et moi, quand je le lui dis aussi, il me dit : « ça ne va pas non !! » Pourtant ça devrait être donnant-donnant. » En fait, ce qui la choque profondément c’est qu’il traite aussi son chat d’imbécile. Voilà de fait ce qui est le plus insupportable : « ça va pas je ne suis pas un chat quand même ».


Ce que Maud questionne là, c’est le désir de son père. Elle a été adoptée et son être d’objet comportera toujours, dans le réel, la forclusion du désir de l’Autre qui l’a mise au monde. Aussi, ne supporte t-elle pas d’être produite comme un chat, sans ce désir de l’Autre. Le simple mot imbécile  proféré par le père au chat, indexe pour Maud sa condition d’objet a abandonné qui rejaillit dans la part indicible de la langue. Imbécile marque la jeune fille au fer rouge de la différence et a le pouvoir de la renvoyer à sa pure condition d’objet.

Pour elle, son père se doit de participer à son éducation en prenant soin de sa parole devant son enfant devenue adolescente, qui présente la singularité de vivre parfois comme un handicap le fait de ne pas avoir pu grandir avec ses géniteurs. Elle a été adoptée, comme elle le dira, par une maman à l’envers. Maud me dit que sa famille adoptive est surtout celle de la langue qu’on lui a offerte, avec un choix des mots précis, avec laquelle elle a appris le respect. Même si elle s’y est distinguée comme la petite étrangère adoptée, elle sait très bien qu’elle portera toujours cette marque qui la singularise. Mais il suffit d’un mot, par exemple imbécile, pour qu’elle se sente prise par cette phrase marquante, traitée comme un chat, exclue du monde des humains dans le sens d’un rejet du logis, soit le logos humain qu’elle avait trouvé dans cette famille.


Le Nom-du-Père pare à l’insulte et l’évite. C’est par son opération que nous nous appelons, non par des noms d’oiseaux, mais par notre nom propre que l’on peut, au passage, salir. L’insulte s’attaque au nom propre qui en est la matrice : c’est là d’où peut surgir la matière sonore. Elle s’entend alors comme venant du réel, à la place du signifiant du Nom-du-Père. « C’est souvent un trou qui parle, et qui du coup a des effets sur le tout du signifiant ». Comme le dit Lacan, « un trou qui n’a pas besoin d’être ineffable pour être panique. » Panique, dès lors, à traiter sur fond d’urgence car engendrée par le déchaînement du signifiant tout seul qui se met à injurier.


Une trajectoire singulière d’une cure Pour expliquer ce que j’étais


Grâce à mon parcours en analyse d’orientation lacanienne, j’ai pu, dans l’après coup, saisir la logique ayant soutenu le fil de mon existence. J’aurais donc été cet enfant-là. Depuis mon enfance, il y avait quelque chose de mort au cœur de mon être qui se jouait dans une Autre scène à mon insu de mon plein gré, là où Je est un autre, me poussant à ne pas hésiter à avoir des conduites à risques, selon le mode d’acting-out. Né près de la chaine des Pyrénées, à Pau, ce sont ces montagnes très proches qui sont venues m’offrir ce lieu de l’Autre auquel je crus, où je crus trouver le lieu et la formule de ma vie et apparemment encore pour, en un mot, sauver ma peau. Une trajectoire singulière de mon enfance et de mon adolescence se dessina dans un nouage important entre un certain éprouvé de mon corps et ce qui me poussait à trouver la vraie vie au niveau d’une pratique sportive. Plus tard, Rimbaud m’apprit qu’en fait La vraie vie est absente. Ma vraie vie fut impactée et déterminée par deux mots marquants : montagne et neige. Au fil de la délicate transition que fut mon adolescence, j’ai saisi que ces deux mots, devenus signifiants, m’avaient enchainé comme S1 tout seul à la chaîne des Pyrénées. Ils sont venus comme signes marquer mon corps vivant. Champs pentus, champs de neige, j’aimais ces champs pyrénéens, dont l’écho soutenait ma passion. Cette chaîne m’offait un Autre monde à part, que je fis mien.


Flocon qui descend et ange qui monte comme versions du mystère indicble de l’Autre

Vers 9 ans, le monde de la montagne, prenant le visage de la seule nature dont je sentais l’appel puissant, m’offrit ma première rencontre avec un usage mystérieux de la neige. La neige avait toujours eu, pour moi, déjà, une valeur considérable. La fragilité du flocon, mystérieusement descendu du ciel, comme venu d’ailleurs, impalpable dans sa substance, provoque encore et toujours en moi une sensation inédite, d’autant qu’elle est soutenue d’un silence saisissant. Mais là, cette neige, en montagne, en recouvrant la terre, m’offrait un tout autre visage, une autre consistance, créant un lieu où le rêve et la pureté venaient nouer mon corps à la montagne ainsi transformée, point d’où je pensais avoir trouvé la formule de ce qui me rendait vivant.

J’ai toujours senti l’importance quasi vitale de la rencontre avec la glisse sur la neige, la mise en mouvement du corps, pas sans prise de risque, là où, dans ma famille, la rencontre avec la mort de ma sœur Martine, âgée de 3 ans, avait plongé ma mère dans la solution en impasse d’une position mélancolique pour traiter un deuil impossible.


Tu es cela : un cadavre vivant dans le placard comme louange d’une phrase de l’analyste


Ma mère m’entrainait dans la piste vertigineuse de sa mélancolie, non sans mon indicible complicité. L’angoisse de mort qui m’empoigna ainsi, dès mes cinq ans, lors de la rencontre de ce réel insupportable pour l’Autre maternel ne cessa, dès lors, d’habiter mon corps en créant, au cœur de mon être, une zone silencieuse, un blanc qui me cadavérisait. Un vide incarnant cette inexistence de l’Autre que je ne saisis que, plus tard, en analyse. Par réel, je situe ainsi ce que j’ai vécu comme traits ou marques de paroles impossibles à comprendre et à traduire en mots. Cette mort ne trouvait, pour moi, mais aussi surtout pour ma mère, aucune traduction possible sauf le fait de vivre cet événement au niveau du corps comme un point d’impact d’angoisse. Cette angoisse me pétrifiait et me rendait incapable de prendre des décisions, de dire mon désir, de faire un choix. Si le corps lui-même, comme tore avec deux trous, est d'origine, c’est sur lui que s'inscrit soit le point d'angoisse soit les marques du signifiant reçu de l'Autre qui font des points d'impact sur le corps, d’où le fait que, pour tout sujet, l’Autre, c’est le corps.


L’état mélancolique quasi délirant de ma mère la poussait à pleurer chaque fois qu’elle venait près de moi, tout en me parlant de cette sœur morte. C’est de là que s’origina mon désir paradoxal d’être vivant tout en étant aussi moi-même assez cadaverisé par ses paroles, cette plainte douloureuse premier pas vers la position de l’analyste. J’étais un cadavre vivant en somme, mais je ne le savais pas en-corps. C’est là où, suite à un réve, la phrase marquante de mon second analyste Il y a un cadavre vivant dans le placard  fut une interprétation décisive. Le rêve : « Je trouve des chèques dans le placard qui est en face du divan de l’analyste. C’est l’analyste qui me l’a signalé, et alors je lui réponds : « ce n’est pas que je ne voulais pas les déclarer, c’est qu’ils étaient là, en attente d’être inscrits. » Sur le coup, cela m’a permis de terminer mes phases en rendant vivante ma langue et fit disparaître aussi mon symptôme d’éternuement, point d’identification à toutes les femmes de ma famille. Au placard les chèques/l’échec l’analyste par sa coupure de séance peut prendre place et lui on le paie en espèces.( en petites coupures )


Une phrase marquante :Ta sœur est un ange que tu dois prier


Cela me permit de logifier mon histoire. Ma sœur était en terre, son petit corps enserré entre quatre planches, dans un petit cimetière à Soumoulou, au pied de la chaîne des Pyrénées. Cette tombe, souvent fleurie, était aussi liée au bruit de la grille de la porte du cimetière, dont je compris plus tard qu’il donnait corps à ce qui du réel du corps de l’autre est insupportable. Pour ma mère, la rencontre de la trace d’un sourire, sur le visage de ma sœur au moment de sa mort, lui avait fait élever ce corps mort à la dignité d’un corps plus léger, invisible et impalpable, celui d’un ange monté au ciel. Elle lisait avec certitude, dans ce sourire, la présence de la vierge Marie, la réponse de l’Autre divin aux prières qu’elle lui avait adressées à Lourdes, après avoir plongé ma sœur dans l’eau bénite, puis dans l’eau du gave de Pau au pied de la grotte Masabielle où la Vierge apparue à Bernadette Soubirou. Mais cette solution ne sembla pas efficace pour elle, véritable croyante ?

Cet ange devint mon partenaire symptôme, que je priais souvent dans mon enfance, pour qu’elle me vienne en aide, car plutôt que d’énoncer mon désir, je préférais m’en remettre à la figure de l’ange Martine. Ainsi, tout en étant dans la tombe, ma sœur veillait toujours sur moi comme mon ange gardien. Si le flocon descendait du ciel, mon ange, lui monté au ciel, pouvait descendre me protéger à condition que je le prie, voire l’en prie. Je m’évertuais ainsi à faire exister un Autre où je disparaissais comme sujet dans l’aphanisis de mon désir. Puis, ma mère ne trouva rien de mieux que d’appeler ma petite sœur, née trois après Martine, Bernadette, et de m’envoyer au cathéchisme chez les sœurs réparatrices à Pau, m’ayant inscrit tout au long de ma scolarité à l’école primaire à l’école des filles, où j’étais le seul garçon.


Un appel de l’Autre intérieur


La montagne faisait écho à ce lieu que je trouvais à l’intérieur de moi, un silence, comme un objet indicible. L’appel de la montagne m’habitait et trouvait sa réponse dans la neige qui floconnait en moi. Robert Waser décrit cela très bien : « il neigeotte en moi », lui qui est allé conclure sa vie, le 25 décembre 1953, en s’identifiant à un point noir venant chuter dans la neige. Il mettait ainsi le dernier point au champ vierge qui ne peut pas s’écrire, sauf à se réduire dans la mort, à ne faire qu’un corps avec la neige.

Dans le conte Blanche neige, qu’il a repris de façon ironique, les mots de Walser rencontrent ceux que j’éprouvais, ce lieu de l’extimité dont parle Lacan dans son séminaire L’éthique de la psychanalyse. Extimité, quand la neige fait partie de nos corps, tout en en étant un élément hétérogène à ce qui en fait la matière. C’est comme le silence de la montagne, inhérent au silence de l’être en moi, soit ce pas-je, signature de la castration et du manque de l’Autre. C’est ce que j’ai retrouvé aussi dans mon fameux départ dans le désert, en plein hiver, la veille de Noël, pendant trois mois, après avoir été reçu au concours de l’internat de psychiatrie.

Walser, dans L’Institut Benjamenta, l’un de ses premiers romans, formule très bien comment il y a une nécessité, pour le sujet, à partir dans des endroits où il peut se retrouver seul. C’est parce que cette solitude est inhérente au sujet que le champ montagneux de neige, le désert, le blanc, l’océan, jouent sur ce sentiment-là, sentiment océanique que Freud emprunta à Romain Rolland, soit une version de la croyance en une jouissance de l’Autre déserté du parasite de la langue de l’Autre. Ou une jouissance Autre décrite par Catherine Millot sur le versant de l’abîme ou de l’extase. Là où, sans racine, on devient une ombre à soi-même, cette ombre qui, dans la mélancolie, tombe sur le moi, comme l’écrit si bien Zweig, il me fallait à la fois trouver une issue à la foi mortelle de ma mère (dans le sens de se séparer d’elle, mais difficile quand elle transmet que le deuil lui est impossible) et à la tombe de ma sœur.


La glisse devint ma passion, l’invention d’une Autre scène en réponse à la phrase marquante macchabée-bof 


Là où mon corps pouvait rester coincé dans une identification au corps mort de ma sœur, parti entre quatre planches, je compris plus tard l’importance de mettre le mien debout sur deux planches pour le sentir bien vivant. Ce furent les planches de cet Autre scène dont parlait Freud, pour illustrer l’inconscient. Mais, je la refusais cette Autre scène en en faisant exister une autre dans la réalité. Si je n’avais pas skié, peut-être serais-je toujours resté assis dans un fauteuil chez moi, incapable de bouger pour soutenir mon désir en dehors du désir de l’Autre qui m’assignait à résidence identificatoire au corps mort de ma sœur, au phallus mort. À l’école, on me surnommait macchabée-bof , ce bof venant en lieu et place des trois points de suspension qui illustraient mon silence et ma difficulté à dire mon désir, en s’incarnant dans ce signifiant mortel, où je me cadavérisais (Macchabée/lacadée).


Si, durant mon enfance, la neige fut un jeu/pas-je, elle fut plus tard bien plus que cela. Elle se transforma en une page blanche où se décida la solution de l’écriture. Cette matière si belle, ces flocons, ces cristaux si fragiles impliquent nécessairement au-delà du blanc, la notion de pureté. Quand la neige est poudreuse, profonde, légère, quand je glisse sur elle ou en elle, dans la pente, et que le jeu de mes planches et de la vitesse soulevant cette matière pulvérulente et froide en tourbillons éphémères, quand la neige passe par dessus ma tête, m’éclabousse le visage, m’aveugle, j’éprouve la sensation de pénétrer dans un monde vierge, de participer de l’élément, de faire corps avec la terre et le ciel, dans leur manifestation la plus belle, la plus pure. C’est une véritable jouissance physique autant qu’intellectuelle, qui me donne une dimension presque cosmique, parce que cette jouissance est une communion avec les éléments comme une intégration au cœur même de la nature. Ça évoque ce que dit Lacan dans la Troisième : «  La vie, dont un langage fait rejet, nous donne bien l’idée qu’elle est quelque chose de l’ordre du végétal. » Une jouissance Autre, hors-sens de l’ordre de cette Autre jouissance hors-jouissance phallique. La glisse devint ma passion, les premières sensations de glisse sur mes deux planches furent vécues comme un prolongement naturel de mes jambes. C’est mon oncle Jean qui m’avait ouvert la voie du ski et de la montagne, après que mon père, dans sa seule tentative de mise sur planches, avait chuté contre un sapin et s’était brisé les deux péronés. C’est dans cette carence de l’entourage symbolique que s’inventa, pour moi, la solution d’être sur des skis, mon père se vouant à d’autres cimes, celles des arbres fruitiers où, comme fils de paysan, il excellait dans la cueillette. Ce fut la solution de la piste de ski en réponse à la piste mélancolique de la mère.

La glisse est l’essence même du ski, nouant dans le silence le grand espace de la montagne et la vitesse. Descendre ainsi d’une cime, à toute vitesse, à tombeau ouvert, seul dans la neige vierge, en me jouant des prises de risque et des pièges de l’environnement naturel, souvent hors-pistes, m’était nécessaire pour triompher de la mort et ainsi me détacher de la tombe du cime-tiers où j’entendais que l’Autre maternel voulait me pièger. Tout faire pour ne pas tomber.


La religion personnelle et la chute de l’Autre religion par une phrase marquante.

Appréhender la montagne afin de la vaincre nécessitait, pour moi, de laisser mes traces dans la neige vierge. Ce fut ma passion du hors-piste, laisser ma trace, comme un sourire, dans les marges de l’Autre. J’étais donc bien l’enfant de la chaîne des Pyrénées, apôtre de la trace pure, comme S1 laissé hors-piste, sur le champ de neige vierge. Ma libido adolescente se soutenait d’un Il y a de la trace. Point d’où je pensais être regardé – je voulais être moniteur de ski et guide de haute montagne pour loger mon être dans l’Autre de la chaîne des Pyrénées, afin de ne plus faire qu’Un avec le silence de la montagne.

C’était ma religion personnelle et intime. L’Autre religion, celle transmise essence-ciel-ment par ma mère, prit fin lors de mes 14 ans, après la rencontre avec une parole décisive de mon confesseur : «  y a pas a tortiller du cul pour chier droit. » C’était juste en sortant de la confession où j’avouais que c’était moi qui avait incité mes compagnons scouts à crier au lever du drapeau, le matin, « Aigles au plumard », au lieu d’ « Aigles au plus haut ». Ce fut la chute de l’Autre divin et aussi de la fonction de l’Ange. Et c’est peut-être plus tard que le plumard devint le divan d’un psychanalyste.


Tortiller du cul sur la piste


C’est alors ainsi que prit corps la passion de la compétition. Ne plus se contenter de jouir tout seul, dans son triomphe glissant de la mort, en tortillant du cul sur la neige pour faire sa trace, comme S1, mais se risquer à s’inscire dans les traces et le temps des autres ou de l’Autre (comme S1-S2). Cela impliquait l’entrainement à plusieurs, d’en passer par des portes précises et la mise en ordre d’un entraineur, pour obtenir des résultats. Dès la classe de troisième, notre professeur d’éducation physique repéra quatre d’entre nous pour les rendre compétiteurs. Nous allions au ski depuis le lycée, les lundis, jeudis et samedis, avec comptétitions de skis les dimanches. Le ski devint la chose essentielle de ma vie. Je découvris l’essence même du ski dans l’épreuve de La descente, comme étant la discipline reine. Des pentes raides, des bosses permettant des sauts où la vitesse extrême flirte avec le plaisir de décoller. Les chutes sont d’une violence rare et sont sans cesse présentes à l’esprit mais, la descente, c’est ça, la prise de risque pour obtenir la meilleure trace, une espèce de dimension mystique où, lancé à pleine vitesse, on tutoie les frontières du réel. C’est l’épreuve qui repousse les frontières de l’impossible et qui brave en permanence des limites. Le slalom géant, aussi, était important pour moi, car c’était la recherche de la meilleure ligne, avec des changements de direction inhérents à l’art de la glisse, laisser son corps ne faire qu’un avec le sens inné que l’on a de la courbe, afin de savoir épouser au mieux la pente. Je n’ai eu mon baccalauréat que grâce à un grave accident de ski à Gourette où, lors d’un entrainement de descente, une jeune fille égarée sur la piste, me coupa la route en pleine vitesse. Je ne pus l’éviter qu’en rentrant dans une protection en cahouthouc de la piste, ce qui me provoqua un arrachement des ligaments de la cheville.


Tu es cela, celui qui tombe et une phrase marquante Le petit prince des neiges


La compétition provoquait chez moi la passion du dépassement, soutenu par la rivalité, celle d’obtenir le meilleur temps possible, afin de voir mon nom inscrit en haut d’une liste. Cela se fit pendant quatre ans, jusqu’à l’apothéose d’une sélection pour les Championnats de France à Chamrousse en 1968, après avoir remporté la descente du championnat des Pyrénées-Ouest, dans la mythique descente de Layré à Barèges. Dans les meilleurs à l’entraînement, petit prince des neiges étant mon surnom, je n’obtenais pas toujours les résultats attendus dans les pistes tracées pour des compétitions décisives. Ainsi, lors de ce championnat de France, je chutais lors des trois épreuves. Être sportif n’empêchait pas, à l’insu de mon plein gré, de laisser toujours passer devant moi le pire énée, support d’une haine qui m’a souvent soutenu, comme passion fondamentale de mon être, pour n’être encore, face à l’aîné, que le cadet – là-cadet –, faisant sonner mon nom propre d’un « La cadere », que j’interprétais  comme celui qui tombe ; celui qui, à trop vouloir se séparer de la tombe, était encore pris par un reste de jouissance qui le poussait à y retourner pour continuer à en jouir. Ou, peut-être, était-ce le fait d’avoir du mal à changer de chaînes ? Je n’étais que l’enfant de la chaîne des Pyrénées, compétiteur du comité des Pyrénées-ouest, champion de ski, là, mais pas ailleurs.

Ces actes manqués me firent penser que tel ne devrait pas être mon destin, et qu’il était temps que mon corps vivant n’oublie pas qu’il était avant tout un corps parlant, voire parlé par l’Autre. Ce fut la rencontre avec l’Autre dans tous ces états, qui n’alla pas sans mettre le lieu de mon corps dans tous ses états. Ce fut tout au long de ma passion pour le ski, la rencontre avec une série de chutes et quatorze fractures, soit ma façon de faire exister le corps comme lieu de l’Autre.


Le voile de l’Autre se déchire sur le réel de la mort comme  retour de ce qui tombe


Pour maintenir mon entrainement, je faisais du vélo que je me suis mis, aussi, à aimer avec passion. Mais là, c’est surtout l’épuisement du corps qui est en jeu, aller jusqu’au bout d’un effort où la terre m’offrait un autre visage, moi-même offrant ma jouissance à un dieu obscur. Là aussi, il s’agissait d’être seul avec sa machine, et le poids d’un silence. Là, la terre ne se livre que par l’effort maximum obtenu au moment de bascule du franchissement du col, pour plonger à tombeau ouvert dans la descente. Toujours attiré par les cimes, je faisais aussi beaucoup d’escalade, enchainant pic sur pic, couloir sur couloir,  un goût de l’escalade à un tel point que la solution d’être guide de haute montagne et moniteur de ski m’apparut comme ma voie d’issue.


Là aussi, une rencontre décisive me fit arrêter. Un jour dans les aiguilles d’Ansabert, en tête de cordée, je faillis tuer mon oncle Jean en lui faisant tomber une pierre sur la tête. Puis, il y eut la mort de Kiki Legal, mon ancien chef de patrouille scout les aigles, mon idéal du moi, véritable sosie de Corto Maltese et du héros des seuls livres que je lisais à l’époque, dans la collection Signes de piste, où ma passion de l’ignorance trouvait abri. Cet idéal du moi était un point d’identification que je calculais sur ce héros, un point d’où je me voyais alors, comme lui, aimable, voire digne d’être aimé. On ne sut jamais si ce garçon, d’une grande intelligence, le taiseux au beau visage sombre, était parti se suicider en montagne. On passa plus d’un mois à chercher son corps et cette disparition me replongea dans l’angoisse de mort, déjà éprouvée enfant. En effet, mon idéal du moi qui me servait à voiler le réel en jeu de ma vie, soit cette mort de ma sœur, n’existait plus, et je me retrouvais là sans ce point d’identification que je m’étais créé. Le retour dans le réel de la disparition d’un corps, dans cette chaîne des Pyrénées, éveilla mon esprit sur un possible au-delà que ma passion voilait. Le voile de l’Autre se déchira, soit celui qui cachait l’objet a comme déchet, voire détritus ou rien, celui qui, comme ma sœur, creuse sa propre tombe.


Des signes de pistes à la phrase d’autres pistes

À moi qui ne savait pas quoi faire dans mes études, mon père conseilla Médecine, ce qui, m’avait-il dit, m’ouvrirait d’autres pistes. Mon père m’indiquait une piste nouvelle, celle du corps via un savoir médical sur le corps vivant. Un savoir de l’Autre séparé du corps qui n’est plus extime mais extérieur. Il était temps que je cesse de vouloir faire jouir mon corps sur la neige vierge pour attraper un sentiment d’existence. Il faut dire que mon père avait le sens de l’humour, des jeux de mots, et qu’il était un as dans l’art des néologismes. Fort de ce goût de la langue assez singulier et grand spécialiste du latin, il aimait souvent nous parler dans cette langue morte. Ce rapport à la langue, comme lieu de l’Autre de la parole, qu’il m’avait transmis à son insu, ne fut pas sans lien, plus tard, avec mon choix d’un psychanalyste lacanien.

C’est la rencontre de l’Autre sexe, et les conséquences du tomber amoureux, qui actualisa le passage au corps parlant, via la rencontre du divan d’un psychanalyste, où le vent du dit rencontra du corps un autre écho résonnant sur le dit-vent. Dans le champ vierge de la parole s’ouvrit une autre piste, le hors-piste de l’association libre. La piste ne fut plus celle de l’exil, de la solitude de l’errance Rimbaldienne.


Retour dans le réel de la phrase machabée/bof

La passion de Rimbaud se fit entendre, sur le divan, dans la piste ouverte par l’écho du décès de ma soeur d’un cancer du rein. La piste du bof ironique, pour maintenir l’Autre à distance, celle de la trace hors-piste sur le champ de la neige silencieuse, passa à la trace de l’impact du poids des mots sur le corps qui se fait si bien entendre dans l’équivoque ou la sonorité de lalangue. Ce fut la voie royale non pas des rêves mais du hors-piste du sens dit-commun, soit le hors-sens des mots rencontrés en séance. Ce qui m’a mené en analyse n’était plus de faire des traces comme S1 tout seul hors-pistes dans la chaine des Pyrénées, mais de m’orienter via la chaîne du signifiant, (S1-S2), sur la piste du désir indicible, et de trouver une autre issue au blanc silencieux de mon histoire, de poser ma question, mais surtout de l’articuler, d’aller jusqu’à m’identifier à cette question. Question posée sur le sexe, bien sûr, mais où du fameux bof silencieux allait surgir une autre pente porteuse d’une nouvelle interrogation suis-je mort ou vif ? La page de mon équipage de ski où se logeait mon désarroi se tourna en s’ouvrant sur une autre page vierge où se déchiffra l’interrogation d’un ski/s’qu’y-suis-je ?. Ne me serais-je pas identifié à ce phallus mort qu’incarnait ma sœur, pour le désir de l’Autre, d’où la cadavérisation de mon être ? Enfin, grâce à l’analyse, je pus vérifier que c’est bien dans une expérience de parole où se soutient une recherche de vérité qu’on y vérifie que la vérité est sœur de jouissance. Ainsi, d’avoir jouis du corps mort de ma sœur, et de pouvoir s’en séparer comme objet a fit surgir le mi-dire de la vérité comme pas-toute. Mais on verra que ce ne fut pas suffisant car ce n’était encore qu’une construction.


Faire passer la chaîne des pyrénées dans le Champ freudien


Je réussis cependant peut-être ainsi ce que j’ai cru être ma plus belle victoire en subvertissant ma chaîne hors-piste des Pyrénées en la faisant passer dans les pistes nombreuses du Champ freudien, choisissant son nom pour un groupe du Cereda (Centre d’études et de recherches de l’enfant dans le discours analytique). N’ai-je pas réussi, voire neige-pas réussi, à faire exister pour celui qui, avant, établissait son corps parlant tout seul sur ses skis, non sans un savoir-faire technique pour faire rendre gorge au concept/ange de sa sœur, un autre savoir-y-faire avec son symptôme. Pour cela, je me mis/m’y à écrire sur les pages vierges de livres, Le malentendu de l’enfant (juste après le décès de ma mére (Autre primordial), L’éveil et l’exil, pour cerner le réel du désarroi (sans Autre) de l’adolescence, et Robert Walser, Le promeneur ironique, soit celui qui danse dans les marges de l’Autre, et à poursuivre d’une autre façon mon travail d’analysant mais en dehors de la piste du divan, dans le vivant du souffle du dit-vent.


Portait de l’artiste en jeune homme


Rêve : « Effondrement de la plus haute tour du cours de l’argonne. Bruits d’hélicoptère. J’ouvre la fenêtre et je vois les étages de la tour s’effondrer. Je dis à ma femme qui est au fond du lit en position fœtale « Je ne veux plus t’entendre » Il va falloir que je me refasse des photos de mâchoires car sinon mon dentiste va confondre les molaires d’en haut et d’en bas. »

J’associe sur l’art/gone, soit l’art/parti et ce qui me supportait à ce moment-là soit écrire sur les artistes de la langue en citant la phrase de Freud « l’artiste précéde le psychanalyste ». L’analyste me dit en coupant la séance : « Portrait de l’artiste en jeune homme », titre d’un livre de Joyce dont j’avais souvent parler. Se faire la photo du portrait pour une jeune femme tandis que je demande à ma femme de se taire comme la sœur en terre. Les molaires/mots/l’air sont des mots en l’air comme si, pour moi, les mots en l’air sont ceux d’un beau parleur pour se voir beau comme un jeune homme pour une jeune femme. Ainsi cette interprétation me déloge de la quête de la jeune femme me servant à me loger, à me voir en jeune homme. Résonne alors l’équivoque du Jeune homme/ Je n’homme/ je nomme. Surgit le fait réel que, bien au-delà du point d’où je cherche à toujours me voir en jeune homme, il me reste dorénavant la voix éthique d’avoir à bien-dire ce que je dois nommer dans le je n’homme. Nommer ce qui reste du mal dedans/de dents, reste en corps non nommé, là où j’avais été assigné à résidence au défaut du féminin, là où je restais dans le silence blanc, bien dire le mâle/mal en moi afin que cela ne soit plus des mots en l’air, des mots/l’air de rien. Je m’entendais souvent dire en analyse j’en ai marre, que je complétais par j’en ai marre/tine, martine comme si dans cette équivoque ma sœur venait compléter mon manque à être.

Me revint alors cette phrase marquante de l’analyste énoncé sept ans plus tôt sur laquelle j’avais cru bon d’arrêter : « Vous avez été nominé à cette place, assigné à résidence à ce défaut du féminin pour la mère. Défaut de la mère de s’être perdue comme femme d’avoir perdue une fille ». J’avais donc été assigné à cette place de venir combler, saturer le défaut du féminin pour la mère. J’incarnai peut-être alors dans cette quête de La femme comme Une, ce défaut du féminin soit une quête éperdue et en impasse puisque le pas-tout est ce qui la structure.


La rencontre d’un trou comme dernier tour de piste ?


Il restait cependant un dernier tour à accomplir, et pourquoi pas quelques tranches, qui conduisit le sujet à une chute encore plus radicale qui, empruntant la voie d’un rêve terrifiant, lui ouvrit un tel trou dans le corps qu’il s’en effondra dans une crise mélancolique aigüe avec idées suicidaires. Ce fut ce qui se décida en lui pour déchariter et vivre un réel sicut palea. Dans ce rêve, dans son lit d’adolescent, alors qu’une femme inconnue vient de lui faire une fellation, il entend sa mère dans la chambre à côté et la trouve dans son lit avec son fils, comme un appendice collé à son corps mais métamorphosé en Satyre avec des jambes très fines entourées de bandellettes et des sabots, l’empéchant de se lever et de marcher. Il réalise en fait que ce fils au prénom victorieux, c’est lui, il retourne alors dans son lit et trouve à la place de la femme inconnue sa mère, angoissé, il se réveille. C’était encore un reste réel du cadavre vivant qu’il aurait été pour elle, mais là, incarné via le fils comme un Satyre, ou faune, dont le bas ventre était troué, en lieu et place d’un sexe. Tu aurais été cela, un être asexué, voire à sexuer, ici d’une fellation lui qui se soutenait d’une séduction désespérée. Solution pour se vérifier comme garçon ou qui quêtait en l’autre sa propre féminité fut-ce au prix de la dévoration d’une fellation/filiation. C’est ce trou réel dans le corps qui le révéilla avec une angoisse insupportable. Mais là, ce ne fut plus le réveil d’un rêve pour continuer à dormir, comme dit Lacan, ce fut le réveil du réel. Lui qui avait fait de ses jambes un support l’ayant maintenu en vie, en-corps dans une certaine séduction, se trouvait ainsi tombé comme objet a dans un puits sans fond. Ce fut la fracture essence-ciel, celle de l’être. C’est de cette chute nécessaire et vitale que, paradoxalement, il prit appui pour se ressourcer de ce puissant fond. Tu auras été cela. Peut-être, alors, le souffle de la parole dans son nouage à l’écriture me permirent d’inventer la solution de l’es’kabeau du sinthome détaché de l’ange gardien. Peut-être vaut-il mieux s’adresser, voire se dresser, au-delà de son saint-homme, vers la voie du sinhome dans sa version de sicut palea comme objet a que d’avoir voulu adresser son malêtre à l’ange divin ; le divin n’aurait été qu’un dit vain. Dès lors, la piste de l’éthique reste à poursuivre pour y laisser la trace du bien-dire, celui qui n’est plus squeletique car dorénavant ce Dit sait s’qu’est-l’éthique.

Encore une fois, la solution de l’écriture émerge non pas cette fois-ci de la béance introduite par l’absence dessinée de l’Autre, mais de la présence réelle du trou que le rêve lui révèle au pied de son lit. Trois livres, comme trois séparations, L’ombre devant soi. Zweig avec Freud, et l’élégante solution de la plume mélancolique,  suivi de … seuls les vivants ; puis, se souvenant de la poésie de Rimbaud Tête de faune, il conclut enfin l’écriture de son livre Le dit poétique d’un ange en exil.


P. Lacadée

rent, les symptômes ne valent plutôt que comme signes, il sera proposé, en contrepoint, une dé                                    

Le printemps et ses éveils



C’est une série vidéo à rebondissements, telle la saison adolescente[1]. Trempée dans l’ère du temps, elle a des allures de tutoriel vidéo. Ces mille et un clic de la demande de l’Autre via la Toile dont les adolescents, à les écouter, raffolent – la vie mode d’emploi made in XXIe siècle. Autant de clics pour savoir comment faire avec soi et l’autre – s’y recherchent des conseils les plus variés : beauté, rencontres amoureuses, sexualité, lire un livre sans le lire, etc. La face immergée d’un questionnement plus intime qui émerge aux prises avec l’indicible d’un « qui suis-je ? » et d’un corps aux éprouvés inédits, vertiges y compris.

Si la série se regarde – il y a surtout ici à écouter – ce temps un n’est qu’un prélude au temps deux, celui qui par la lettre va nourrir les inconnus en soi et devant soi.

Au son, la voix du psychanalyste Philippe Lacadée qui sillonne avec allant et constance les territoires adolescents depuis longtemps.

Deux lignes de force s’y dessinent : d’un côté, l’adolescence qui se dit, se donne à lire dans la poésie et la littérature ; de l’autre, l’éclairage psychanalytique des mécanismes de la pulsion, de l’insulte et du court-circuit de la chaîne articulée, par le passage à l’acte.

Temps vulnérable où les pulsions sont sur le devant de la scène, ces « souffrances modernes » [2] rimbaldiennes ne manquent pas d’inquiéter, quelque fois aussi de désemparer l’entourage et l’institution scolaire.


Les six haltes proposées s’ouvrent sur l’urgence d’un lieu et d’une formule à trouver encore avec Rimbaud, « formidable fenêtre logique sur l’adolescence », vagabondant avec sa boussole du refus de tout ce qui vient de l’Autre, après avoir quitté l’école à quatorze ans. Puis s’y déploie « la sensualité mélancolique » de l’adolescent » avec, entre autres, Zweig, Bob et « ses » trois sœurs dans le Conte crépusculaire. Nos désarrois aussi, mais ici, ceux de l’élève Törless de Musil en miroir possible des nôtres. Son premier roman d’apprentissage du début du siècle dernier, qui n’hésitait ni à évoquer la première rencontre sexuelle avec une prostituée, ni l’homosexualité. L’émergence d’une singularité complexe qui fera le choix de la vie de l’esprit, quittant l’académie militaire en cette fin de monarchie austro-hongroise, roman devenu, en outre, un classique en langue allemande des œuvres au programme du lycée. Ce n’est pas sans compter la violence et l’insulte ici dévoilées dont les mécanismes sont limpides, si souvent pointées comme les nouveaux maux de l’école d’aujourd’hui.

L’insulte qui devient le commencement de la poésie comme Lacan nous le montre !

Enfin, n’oublions pas la grande halte de la vie, l’amoureuse, ici sous les auspices de la première rencontre avec Balzac et Frédéric…


Zweig encore, mais avec un autre écrivain autrichien, pas tout fait de la même époque, témoignent dans leurs œuvres des effets de l’adolescence et l’école.  Zweig, cet européen de cœur et d’esprit, qui s’exile face au crépuscule d’une Europe assiégée par le nazisme, convulsée par la Première, puis la Seconde guerre mondiale, chantre aussi des tableaux de femmes passionnées qu’il façonne, célèbre l’échappée par la vie de café à proportion de la fréquentation de l’école et de son autorité.


Pas celle des flippers, plutôt le portable aujourd’hui, ni du blablabla sans fin, non celle « du fanatisme littéraire » où s’y rencontrait la fine fleur littéraire de l’époque. Né dans les marécages du nazisme, Thomas Bernhard, écorché vif, qui sa vie durant a éructé contre tous les semblants, haïssant toutes formes d’establishment, semblant être resté dans son pays comme pour mieux tenir en joue ses habitants coupables de l’Anschluss par son verbe. Il quitte le lycée au moment de tripler sa seconde pour rentrer en apprentissage avec « le sentiment d’avoir échappé à l’une des plus grandes absurdités humaines : le lycée »[3]. Défendu de toujours par un grand-père écrivain qui loue la curiosité comme vertu première de l’éducation, Bernhard aura su faire héritage de cette voix de l’aïeul, jusqu’à l’écriture comme mode de vie.

Les versions écrivaines de l’école s’écrivent souvent sur les genoux sous le pupitre, entre les équations et dans les marges des cahiers…

Série à écouter pour mieux lire, tel semble être son pari dont le sel tient à l’art de rendre vivants les mots pour inviter à trouver les siens, non sans la littérature.

Et s’adresser à une oreille analytique, serait un possible temps trois, temps x ?

Encore une autre aventure possible non sans eux…

[1] Le printemps et ses éveilsYoutube, une série proposée par Philippe Lacadée, librairie Mollat. https://www.youtube.com/playlist?list=PLYKK1g9IWBSDKESkfCKUKjnNpQ7MTVJ5W

[2] Rimbaud, cité par la voix de Philippe Lacadée.

[3] Bernhard T., « La cave », Récits 1971-1982, Paris, Quarto Gallimard, 2007, p. 130.clinaison de cas d’enfants mettant à l’épreuve une autre lecture qui prendrait en compte les dimensions du transfert mesure où par les temps qui courent, les symptômes ne valent plutôt que comme signes, il sera proposé, en contrepoint,

une déclinaison de cas d’enfants mettant à l’épreuve une autre lecture qui prendrait en compte les dimensions du transfert Il s’agira, dans ce parcours de questionner ce sujet de l’inconscient au regard du sujet du droit (personne morale), du sujet de la philosophie (cogito cartésien) et du sujet de la science excluant la dimension de la « vérité ». Si vous relisez les séances datées du 29 novembre et du 6 décembre 1961 du séminaire sur L’identification, vous pourriez être surpris d’un savoureux enchaînement: c’est après avoir parlé de sa chienne Justine qui, elle ne le prend pas pour un Autre et ne parle que par jappements ou aboiements que Jacques Lacan formalise la chaîne signifiante, et distincte le signe du signifiant. Nous interrogerons la fabrique de cette formule canonique, un signifiant représente le sujet pour un autre signifiant en référence à la linguistique (Saussure, Pierce) ainsi que chaque élément de cet énoncé: un, représente, pour. Dans la mesure où par les temps qui courent, les symptômes ne valent plutôt que comme signes, il sera proposé, en contrepoint, une déclinaison de cas d’enfants mettant à l’épreuve une autre lecture qui prendrait en compte les dimensions du transfert signifiant.

it (personne morale), du sujet de la philosophie (l cartésien) et du sujet de la science excluant la dimension de la « vérité

»BIBLIOGRAPHEAlain de Libéra, Naissance du sujet, Paris,2016.

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